Quelles sont les différentes cartes professionnelles ? Comment fonctionnent-elles ? Comment les différencier ?
Ces questions intéresseront aussi bien les dirigeants d’entreprise que les commerçants qui encaissent ces cartes, lesquelles sont destinées exclusivement au paiement des dépenses professionnelles.
Nous allons voir qu’il existe une grande variété de cartes pros. En effet, la classification dépend des nombreux critères choisis (entre parenthèses dans l’encadré ci-dessous)
Les différents types de carte bancaire professionnelle
- débit, crédit, prépayé (mode de paiement)
- physique ou virtuelle (nature de la carte)
- CB, Visa, Mastercard (réseau)
- business ou corporate (taille de l’entreprise)
- achat, carburant, etc. (nature des dépenses)
On pourra aussi rencontrer les appellations cartes business ou commerciales pour désigner les cartes professionnelles. Les appellations et les mentions figurant sur les cartes professionnelles ne sont hélas pas toujours faciles à déchiffrer, la réglementation s’étant surtout penchée sur les cartes des consommateurs,
Commençons par faire le point sur la terminologie utilisée en Europe.
1. Cartes bancaires pros et mode de paiement
Le règlement européen 2015/751 [1] du 29 avril 2015 sur la régulation des commissions d’interchange (IFR en anglais) établit une distinction entre les cartes des consommateurs et les cartes commerciales, définies comme tout instrument de paiement lié à une carte, délivrée à des entreprises, à des organismes publics ou à des personnes physiques exerçant une activité indépendante, dont l’utilisation est limitée aux frais professionnels.
Petit point de vocabulaire : la règlementation européenne utilise le terme de « carte commerciale » pour désigner les cartes professionnelles. Le terme de « carte d’affaire » est également employé.
Le règlement distingue trois autres catégories, cette fois-ci parmi les cartes des consommateurs :
- Les cartes de débit qui permettent d’effectuer une opération avec règlement immédiat,
- Les cartes de crédit qui diffèrent le règlement de la somme due,
- Les cartes prépayées qui sont des cartes de débit reliées à un compte de monnaie électronique et non un compte bancaire.
Or dans les faits, cette différentiation des types de cartes concerne également les cartes business, même si cela n’était pas prévu au départ par un texte qui ne se préoccupait que des taux des commissions d’interchange en fonction des types de carte, celui des cartes pros étant nettement plus élevé.
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Attention, il y a une petite subtilité, puisque la règlementation européenne distingue deux catégories de cartes de crédit :
- Les cartes à débit différé qui autorisent un délai de plusieurs jours entre le paiement et le débit du compte, sans intérêt
- Les cartes de crédit adossées à un crédit renouvelable, qui obligent à payer des intérêts. C’est la signification que recouvre habituellement le terme « carte de crédit » en France.
Parmi les cartes de débit il faut distinguer une sous-catégorie : les cartes à autorisation systématiques, qui peuvent poser problème puisqu’elles ne peuvent pas être utilisées en mode offline (sans interrogation de la banque par Internet), cas pourtant fréquent dans les péages d’autoroute. Évidemment, les cartes de crédit n’ont pas besoin d’une autorisation systématique.
Pour résumer, on trouve en pratique différentes catégories de cartes pour professionnels : des cartes business à débit immédiat, des cartes business à débit différé et même des cartes business prépayées.
Type | Fonctionnement |
---|---|
Cartes de débit | Débit immédiat, avec ou sans autorisation systématique |
Carte de crédit | Débit différé |
Carte prépayée | Débit immédiat avec autorisation systématique |
Ce schéma simple va être compliqué par les réseaux et les émetteurs de carte bancaire, qui vont créer des gammes différentes selon la taille des entreprises, et même des cartes spécialisées dans un type de dépense, mais le fonctionnement de base des cartes est le même.
À notre connaissance, il n’existe pas de cartes de crédit professionnelles adossées à un crédit renouvelable, mais uniquement des cartes à débit différé, associées à des comptes qui bénéficient d’une autorisation de découvert.
2. Cartes bancaires physiques ou virtuelles ?
Toutes les cartes bancaires ne sont pas des bouts de plastiques. Certaines n’ont pas d’existence physique, mais sont utilisables en les matérialisant sur un écran d’ordinateur ou de smartphone : il s’agit des cartes bancaires virtuelles.
Les néobanques incluent des cartes virtuelles dans toutes leurs offres et certaines font même payer la carte physique alors que la carte virtuelle est gratuite.
L’emploi de cartes bancaires virtuelles professionnelles constitue un moyen économiques de gestion et de surveillance des dépenses des collaborateurs.
Comme les cartes physiques, elles comportent un numéro de carte, le nom du possesseur, un code de vérification au dos, voire un code PIN pour les cartes qui ne sont pas réservées aux achats en ligne. Pour effectuer un paiement sur le terminal, il faut utiliser un smartphone et ajouter la carte virtuelle à un smartphone à un wallet comme Google Pay ou Apple Pay.
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Parmi les cartes bancaires virtuelles, on distingue celles qui sont à usage unique et celles qui sont réutilisables. Les cartes à usage unique sont plus sûres, mais pas utilisables pour un abonnement et moins pratiques pour des paiements fréquents auprès d’un même fournisseur.
3. Choix du réseau
En France, le flux monétique est acheminé par trois réseaux :
- Le GIE Carte Bancaire
- Mastercard
- Visa
Le GIE Carte Bancaire est l’acteur historique qui est à l’origine de l’unification du réseau interbancaire français. C’est grâce à lui qu’il n’y a qu’un seul terminal de paiement par caisse, contrairement à ce qui se passe dans certains pays.
Les cartes bancaires qui passent par ce réseau portent la mention CB. Cette mention signifie que l’on peut payer sur la plupart des terminaux français de type Ingenico ou Verifone. Le paiement avec le réseau CB est impossible à l’étranger, mais aussi et en France avec certains lecteurs de carte comme ceux de Square, SumUp ou Zettle.
Il est donc indispensable, pour utiliser les cartes à l’étranger, de pouvoir accéder à un réseau international comme Mastercard ou Visa.
De nos jours, les cartes émises par les grandes banques françaises sont toutes co-badgées CB + Mastercard/Visa, mais les banques et néobanques françaises (ex: Shine, Qonto) et étrangères (ex.: Revolut) ne passent pas par le réseau CB.
Comparaison entre les Visa et Mastercard Business
Visa détient 60 % du marché, mais Mastercard est également présent à l’échelle mondiale, donc le choix du réseau a désormais peu d’importance.
La différence réside surtout dans l’existence de cartes professionnelles spécialisées pour les grandes entreprises. L’offre est très proche en ce qui concerne les indépendants et les petites entreprises :
Mastercard | Visa | |
---|---|---|
Indépendant | Professional | Business |
Indépendant, TPE-PME | Business | Business |
Version haut de gamme | Business World, Business Executive | Gold, Platinum |
Une même carte peut être déclinée en plusieurs versions : débit, crédit et prépayée. Exemple : la Visa Business. Les versions haut de gamme ne sont pas disponibles en prépayé.
Chez Mastercard, les versions business vont apporter des assurances sur les achats et des assurances voyage par rapport à la version professionnal. Les versions haut de gamme donnant accès aux salons d’aéroport, à des services de conciergerie et à des plafonds de dépense plus élevés.
Les cartes business sont utilisables par les dirigeants, mais aussi pour gérer les dépenses des collaborateurs des TPE-PME. Exemple : Qonto, qui utilise uniquement des Mastercard Business débit, et Soldo qui préfère les Mastercard Business prépayées.
Le cas American Express
American Express, n’utilise pas le modèle à quatre coins des autres opérateurs, puisque l’émetteur de la carte et l’acquéreur (la banque du commerçant) ne font qu’un, en l’occurrence American Express : c’est un schéma tripartite (à trois coins). Autre différence : le porteur se procure la carte directement auprès du réseau, encore une fois, American Express.
Les commerçants acceptant American Express sont moins nombreux, c’est pourquoi ce réseau essaie de se démarquer en proposant des produits originaux en plus des cartes Business et Corporate classiques :
- Les cartes Amazon qui offrent du cashback ou un débit différé
- Les cartes AirFrance – KLM pour accumuler des «Miles » chez Air France -KLM ou en reliant n’importe quelle dépense professionnelle
4. Carte Affaires/Business ou Corporate ?
On utilise habituellement le terme de cartes Corporate pour désigner des cartes business émises par des grandes entreprises, qui offrent plus de service que les cartes business classiques.
Les cartes affaires sont des cartes business classiques, mais elles peuvent aussi désigner des cartes à débit différé branchées directement sur le compte personnel du collaborateur, ce qui incite celui-ci à la responsabilité. Avec le débit différé il est assuré de recevoir les remboursements à temps, pourvu qu’il ait transmis les notes de frais à temps à la comptabilité.
Mastercard | Visa | |
---|---|---|
Carte de base | Corporate | Corporate/Affaires |
Carte haut de gamme | Corporate Executive | Corporate/Affaires Gold |
Les cartes Corporate sont accompagnées de garanties spécifiques comme l’envoi d’un collaborateur ou l’acheminement de matériel urgent.
5. Les cartes spécialisées
Pour finir, mentionnons les cartes professionnelles spécialisées dans un type de dépense : par exemple, pour les achats de l’entreprise, pour payer un employé non bancarisé à l’aide d’une carte prépayée, ou encore pour régler les frais d’essence :
Mastercard | Visa | |
---|---|---|
Déplacement | Voyage, Essence | – |
Achat | Purchasing | Purchasing |
Récompense | – | Incentive (prépayée) |
Paiement des salariés ou intérimaires | – | Salaire (prépayée) |
La BNP préfère utiliser le terme procurement plutôt que purchasing.
Ces différentes cartes ne sont pas accessibles directement auprès de Mastercard et Visa, mais par l’intermédiaire des banques.
Pour finir, un résumé des mentions que vous pouvez rencontrer sur les différentes cartes pros :
Les mentions des cartes bancaires professionnelles
Il s’agit des mentions qui figurent sur les cartes et qui aident le commerçant à identifier le type de carte et donc le taux de la commission d’interchange correspondant.
Exemple de taux : 0,20 % pour les cartes de débit immédiat des consommateurs, 0,30 % pour les cartes à débit différé des consommateurs et 0,90 % sur toutes les cartes professionnelles.
En France on rencontrera le plus souvent les mentions suivantes sur les cartes bancaires professionnelles :
- Business – C’est le terme le plus répandu dans le monde
- Affaire – Désigne une carte business classique ou une carte qui débite le compte du collaborateur
- Professionnel – Utilisé parfois par le Crédit Mutuel pour les entrepreneurs individuels
- Commercial – Utilisé par le Crédit Agricole ou la banque Postale
- Corporate – Réservé généralement aux cartes que les grandes entreprises distribuent à leurs employés
À la différence des cartes pour consommateurs, qui portent la mention « débit » (débit immédiat) «credit » (débit différé) ou « carte de crédit » (spécifique à la France pour les crédits renouvelables), les cartes professionnelles ne portent généralement pas de mention indiquant leur mode de fonctionnement]. Par exemple, on trouve des cartes à débit immédiat ou prépayées indiquant uniquement la mention « business » ou « corporate ».
Sources
Règlement européen 2015/751 du 29 avril 2015