Les professionnels et les entreprises qui souhaitent ouvrir un compte ont le choix entre plusieurs types d’établissements.

Il y a les banques de réseau, leurs filiales en ligne, mais aussi les néobanques.

L’offre de ces dernières est différente. Ce n’est pas juste une question de prix. Pour faire court : l’accès au crédit est problématique, mais en échange on bénéficie de services innovants.

Il n’y a donc pas de meilleure solution dans l’absolu, mais une meilleure solution pour vous.

Quels sont les avantages et inconvénients des banques et néobanques ? Qui offre quel service : crédit, frais, comptabilité, facturation ?

Voyons tout d’abord quel type d’établissement est désigné dans cet article par le terme «néobanque » :

Le terme « néobanque » n’est pas très rigoureux mais pratique

Ceux qui s’intéressent au secteur bancaire savent que l’on désigne habituellement par le terme néobanque, un type d’établissement, qui fournit des services « bancaires » en ligne innovants et un bon rapport qualité-prix, souvent centrées autour d’une application pour mobile.

Or selon un communiqué [1] de l’ACPR (l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution de la Banque de France) de 2021, certaines néobanques n’ont pas le droit d’utiliser ce terme, car elles ne sont pas des banques.

En effet, une banque appartient obligatoirement à la catégorie des établissements de crédit [2], tels que définis par le Code Monétaire et Financier [3]. Une banque est autorisée à effectuer toutes les opérations de banque dont la délivrance de crédit l’autorisation de découverts. Ces établissements reçoivent un agrément ou licence bancaire.

En France l’agrément est délivré par l’ACPR. Un tel mécanisme existe dans chaque pays et est harmonisé au niveau européen. Exemple : la néobanque Revolut, qui est bien une banque, avec licence délivrée par les autorités lituaniennes.

Or nombre de néobanques sont de simples établissements de paiement et non des établissements de crédit et ne doivent pas utiliser le terme de « néobanque » et encore moins de « banque ». Les clients de ces établissements n’ont pas accès aux crédits et découverts.

Dans le cadre des services délivrés aux professionnels, les néobanques françaises qui ne sont pas des banques préfèrent utiliser le terme « compte pro ». Exemple : Blank, Qonto, Shine.

En pratique nous conserverons le terme néobanque pour désigner l’ensemble des établissements qui commercialisent des comptes pros centrés sur l’innovation plutôt que sur les services bancaires classiques tels que crédits et découverts.

Dans cet article, le terme « banque » désignera les banques de réseau françaises et leurs filiales en ligne.

Services de base et paiement en Europe : avantage aux banques

Banques et néobanques offrent toutes ces services de base :

  • tenue de compte
  • Numéro IBAN pour les virements en Europe
  • carte bancaire

L‘IBAN des banques pros françaises est français et commence par FR. Comme les néobanques opérant en France peuvent avoir leur siège en Europe, elles ont commencé par fournir des IBAN allemands, belges, etc.

Plusieurs néobanques pro actuelles proposent également un IBAN français, qu’il s’agisse de néobanques françaises comme Blank, Qonto et Shine ou de néobanques étrangères comme Finom (Pays-Bas) ou Revolut (UK et Lituanie). Pour information, l’IBAN de N26 est allemand et celui de Wise belge.

Les banques traditionnelles sont plus avantageuses en ce qui concerne l’étendue et les frais moyens de paiement :

Petite différence au niveau des cartes. La plupart des néobanques émettent des cartes Mastercard, plus rarement Visa, qui utilisent exclusivement ces réseaux. les cartes des grandes banques passent par le réseau national CB par défaut ce, qui est intéressant pour les commerçants français, mais ne présente pas d’avantages pour les porteurs.

Banques Néobanques
Virements SEPA Oui, illimité Oui, quotas d’émission
Cartes bancaires Co-badgées CB et Visa/Mastercard Visa/Mastercard
Carnet de chèques Oui Non
Encaissement de chèques Oui, illimité Néobanques françaises uniquement, payant
Dépôt d’espèces Oui, illimité Non, sauf chez Shine (avec quotas)

Aucune néobanque ne permet d’émettre des chèques, mais les néobanques françaises Blank, Qonto et Shine autorisent l’encaissement de chèques à distance. Il faut les enregistrer en ligne, puis les envoyer par la poste. Autre limitation : les néobanques font payer ce service ou imposent des quotas de quelques chèques par mois en fonction des abonnements.

En ce qui concerne les dépôts d’espèces, les néobanques sont à éviter. Généralement parce que c’est impossible. La néobanque Shine l’autorise dans des limites de 500 à 1500 €/mois avec ses abonnements Premium.

Ces dépôts sont possibles aussi bien avec les banques de réseau qu’avec leurs filiales en ligne (ex Monabanque, filiale du Crédit Mutuel), grâce au réseau d’agences partenaires.

On trouve également des limitations sur le nombre de virements sortants chez les néobanques, mais les quotas sont élevés, par exemple une vingtaine de virements gratuits pour un autoentrepreneur, ce qui est très largement suffisant.

Les banques sont également plus intéressantes pour l’épargne, grâce à la possibilité de placer des liquidités sur des livrets professionnels et des comptes à terme. Cette possibilité est absente des néobanques, mais certaines vous permettent de changer vos euros en d’autres monnaies comme le dollar, ce qui peut être encore plus avantageux en fonction des politiques monétaires.

Moins de frais avec les néobanques

Les banques de réseau professionnelles facturent beaucoup de frais de gestion, qui ne sont pas inclus dans l’abonnement.

On peut le comprendre lorsqu’il s’agit de frais liés aux incidents, mais pas en ce qui concerne les frais de gestion courante comme les dossiers, commissions de mouvement, etc.

Les tarifs des banques sont transparents, car indiqués dans les conventions de compte, mais ils sont complexes et selon les activités, il n’est pas toujours facile de se faire une idée exacte du coût mensuel. Il existe bien des offres de service groupées, mais leur prix n’est pas forcément attractif.

Le prix de l’abonnement mensuel des banques de réseau est aussi plus élevé.

Dans nos estimations les banques de réseau sont jusqu’à deux fois plus chères que les néobanques et banques en ligne.

Exemple : on trouve des comptes pour indépendants (SASU, EURL) à moins de 10 €/mois chez les néobanques  (Blank, Finom, Qonto, etc.) alors qu’il faut compter environ 20 €/mois à la BNP dans une agence. Le compte en ligne de Hello Bank la filiale de la BNP est plus intéressant et est à peine plus cher que celui des néobanques.

Inconvénient des néobanques : les frais de retrait aux distributeurs de billets sont plus élevés. Exemple : 1 €/retrait avec la formule Basic de Shine.

Crédits et découverts : les banques s’imposent

On l’a dit plus haut, la banque est un établissement de crédit. Elle peut délivrer des crédits de trésorerie (découverts et facilités de caisse) ou d’investissement.

Seules les banques de réseau peuvent accorder de vraies autorisations de découvert prévues chaque année. Les banques françaises en ligne comme Boursorama (Société Générale) ou Hello Bank (BNP) se contentent de délivrer des facilités de caisse très limitées dans le temps.

Les banques ont également seules la possibilité d’escompter des effets de commerce.

Les néobanques sans licence bancaire doivent recourir à des partenariats avec des sociétés agrées : société d’affacturage, société de crowdfunding. Dans le dernier cas, les taux sont beaucoup plus élevés que ceux des banques. Par exemple 8% au lieu de 3%.

Logiquement le cas des néobanques avec licence bancaire devrait se rapprocher de celui des banques de réseau et de leurs banques en ligne. Cela n’est pourtant pas le cas : les néobanques N26 et Revolut sont de vraies banques, mais n’offrent pour l’instant aucune possibilité de crédit à leurs clients français.

Facturation et paiement en ligne : les banques à la traîne

Proposer à la fois un compte bancaire et un système de facturation présente un avantage : le rapprochement automatique. Le système de facturation détecte automatiquement si une facture a été payée ou non et inversement, le logiciel qui gère le compte est capable de comprendre facilement l’origine d’une ligne de crédit.

Il est possible d’échanger des informations entre deux fournisseurs différents par l’intermédiaire d’API, mais la solution du fournisseur unique s’impose de plus en plus.

Image : Mobile Transaction

Facture faite avec Qonto

Ci-dessus, le logiciel de facturation intégré au compte pro Qonto.

On constate que :

–  Les banques de réseau ne proposent pas ce genre de service.

–  Les néobanques comme Qonto, Finom, Shine et Blank y accordent beaucoup d’importance, justement pour se démarquer des banques. Vous pourrez même vous faire payer directement grâce à un lien de paiement qui pointe vers une page de paiement en ligne.

–  Deux banques en ligne (Compte Pro de LaPoste, Hello Bank Business) intègrent la facturation.

Mieux gérer ses dépenses avec les néobanques

Tracer exactement toutes les dépenses, enregistrer les justificatifs et exporter le tout vers un logiciel de comptabilité. C’est l’une des promesses de nombreuses néobanques professionnelles.

Cela intéressera les TPE-PME mais aussi les indépendants imposés aux frais réels. Le scan des justificatifs se fait très facilement avec la caméra du téléphone, mais on peut aussi se contenter d’envoyer un fichier PDF.

Quand on dispose d’une équipe de commerciaux en déplacement, il est commode de disposer de cartes bancaires personnalisées pour chaque collaborateur avec des droits (retraits, paiements à l’étranger) pilotables à distance. Ou alors on peut vouloir une carte par département (ex : marketing, ventes) pour régler les achats en ligne.

Autre solution : les IBANs multiples. C’est plus intéressant lorsque l’on règle de nombreux fournisseurs par virement.

Les !meilleurs comptes pro en ligne pour TPE et indépendants

Vous recherchez une solution pour mieux gérer vos dépenses d’entreprise ?

LIRE : Les meilleurs comptes pro en ligne pour TPE et indépendants.

Passez votre chemin en ce qui concerne les banques de réseau et mêmes les banques en ligne (Hello Bank, Boursorama, etc.). Elles sont pour l’instant complètement dépassées sur ce créneau de la gestion des dépenses.

Assurances : pas le point fort des banques de réseau

De nombreuses néobanques incluent systématiquement une assurance à leurs abonnements payants.

Il peut s’agir d’assurance sur la vie de tous les jours de l’entrepreneur (bris de matériel, perte de revenu temporaire) comme chez Shine ou d’assurances voyage, comme chez Qonto. Blank essaie de combiner les deux.

Les banques de réseau n’incluent pas ce genre de service.

Les banques en ligne sont plus intéressantes que leur version physique sous cet aspect. On peut citer l’assurance d’Hello Bank de la BNP qui est assez complète ou celle payante, mais avec un tarif raisonnable chez Boursorama Pro.

Ouverture à l’international : deux néobanques dominent

Les freelancers et entreprises qui possèdent des clients en dehors de la zone Euro ont besoin d’accepter des virements provenant du système SWIFT, mais cette possibilité n’est pas toujours offerte par les néobanques. C’est par exemple possible avec Qonto, mais pas avec Blank.

Les banques de réseau et leurs équivalents en ligne offrent toutes la possibilité de recevoir et d’émettre des virements SWIFT, généralement avec des frais élevés.

Les néobanques Wise et Revolut Business peuvent envoyer des virements entre comptes avec ou sans SWIFT dans certaines conditions, avec des frais très réduits par rapport aux banques.

Banques Néobanques
Compte multidevises Non Oui avec Revolut ou Wise
Virements SWIFT Oui Oui avec Revolut, Wise ou Qonto
Virements international hors SWIFT Non Oui avec Revolut ou Wise

Lorsque vous recevez un virement en dollars par l’intermédiaire de SWIFT, le montant est automatiquement converti par votre banque en euros, avec des frais de change.

Mais si vous voulez stocker des dollars sur votre compte ? C’est impossible avec les banques françaises, mais possible avec deux néobanques : Revolut et Wise.

Avec le compte Revolut Business, il est très facile de stocker des dizaines de devises dans des sous-comptes pour émettre et recevoir des paiements.

Avec Wise Business, on va un peu plus loin, puisque certains de ces sous-comptes bénéficient de coordonnées locales (ex.: compte en dollars US avec coordonnées américaines), ce qui réduit encore les frais ou facilite la vie à l’étranger des travailleurs indépendants.

Si vous choisissez bien votre néobanque, vous pourrez émettre et recevoir des paiements dans de nombreuses devises et à moindre coût, ce qui est impossible avec les banques traditionnelles, même dans leur version en ligne.

Conclusion : banque ou néobanque ?

Pour synthétiser ce qui a été vu précédemment :

Les banques sont plus chères, mais plus avantageuses, en ce qui concerne les services de base : crédit, découverts, chèque, placements.

Les néobanques  sont moins chères et offrent des services à valeur ajoutée : facturation, paiement en ligne, gestion des dépenses.

Si vous n’avez pas besoin de crédit ou de découvert et encaissez peu de chèques, les comptes pros des néobanques sont probablement la meilleure solution.

Banques Néobanques
Paiement et encaissement Très bien Moyen
Crédit et découvert Très bien Mauvais
Tarifs et frais Moyen Très bien
International Moyen Mauvais à Très bien
Facturation et paiement en ligne Mauvais à Bien* Bien
Gestion des dépenses Mauvais Bien à Très bien
Assurances Mauvais à Bien* Moyen à Bien

*L’appréciation positive ne concerne ici que les banques en ligne

Sources

[1] Communiqué de l’ACPR : Rappel des règles d’usage du terme « néobanque ».

[2] Page établissement de crédit du site de l’ACPR.

[3] Code monétaire et financier. Article L511-9.