Il peut sembler risible de parler de danger pour un geste aussi quotidien et apparemment inoffensif que la remise d’un ticket papier à la caisse d’un magasin. Pourtant c’est une problématique que de plus en plus de personnes soulèvent, et à juste titre.
Découvrez les différentes raisons pour lesquelles le ticket de caisse papier est en train de perdre du terrain au profit du reçu numérique :
Conséquences pour la santé
Plus de la moitié des tickets de caisse distribués chaque année aux consommateurs français sont non recyclables et contiennent encore du Bisphénol A (BPA), une molécule abondamment utilisée dans l’industrie plastique, bien qu’elle soit soupçonnée de présenter un danger pour la santé du consommateur.
Dans un communiqué de presse de 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) déclarait que le papier thermique « représentait la deuxième source la plus importante de bisphénol A après l’alimentation », jusqu’à 15 % de l’exposition totale pour certains groupes.
Les risques associés à la présence de BPA sur ces tickets de caisse ne doivent surtout pas être sous estimés, car ce composé est susceptible d’entraîner :
- Déséquilibres hormonaux
- Risque accru d’infertilité, de fausse couche et de naissance prématurée
- Cancer de la prostate
- Diabète de type 2
- Troubles du comportement chez l’enfant
- Altération du développement neurologique
- Maladies cardio-vasculaires
- Obésité
Le Bisphénol A pénètre l’organisme par la peau, ce qui le rend si nocif pour les employés de caisse. Pire, le lavage des mains facilite le passage du produit chimique dans le corps. Le meilleur moyen d’éviter cela reste donc le port de gants.
Le BPA peut rester dans l’organisme pendant des mois, entraînant une accumulation qui augmente les risques d’effets toxiques. On notera que le BPA est parfois remplacé par du BPS ou du BPF, utilisés comme alternative et pourtant nocifs eux aussi, en particulier pour l’environnement.
Dès 2011 des médecins français recommandaient d’ailleurs que les employées de caisse enceintes ne soient pas exposées à ces tickets de caisse au BPA, BPS ou BPF, en raison des risques pour le développement du fœtus.
Une proposition de loi déposée en novembre 2018 vise d’ailleurs à faire interdire l’impression systématique des tickets de caisse en France à partir de janvier 2020.
Impact environnemental
On estime qu’environ 300 milliards de tickets de caisse papier sont produits chaque année, impliquant l’utilisant de 25 millions d’arbres, 18 milliards de litres d’eau et 22 millions de barils de pétrole.
Avec une biodiversité en danger et un changement climatique qui s’accélère, le ticket papier est une « solution » particulièrement peu écologique, d’autant que de plus en plus de consommateurs utilisent les preuves d’achat numériques
Qui plus est, non seulement le BPA est potentiellement dangereux pour la santé humaine, mais les tickets qui contiennent du BPA ne peuvent pas être recyclés sans relâcher leurs composants toxiques dans l’environnement. Il est donc recommandé de ne pas les mettre dans la poubelle de recyclage du papier.
D’après la députée Patricia Moralès à l’origine du projet de loi sur les tickets de caisse, un seul hypermarché en France édite pas moins de 848 km de papier pour ses tickets chaque année. Sachant que la majorité de ce papier part aux ordures ordinaires, cela constitue un gâchis remarquable.
Bien sûr il existe des tickets de caisse recyclables, ou produits à partir de papier recyclé, mais comme la plupart des gens ne savent pas distinguer les différents papiers, le risque d’erreur de recyclage est important.
Les lecteurs de cartes avec imprimante de reçus intégrée utilisent du papier thermique contenant du Bisphénol A toxique.
Pas si utiles qu’on le croit
Contrairement à ce qui se fait de plus en plus dans les pays du nord de l’Europe, l’immense majorité des commerçants français impriment encore systématiquement le ticket de caisse, sans demander à leurs clients s’ils le désirent ou non.
Pourtant la plupart de ces reçus papier finissent à la poubelle, dans la rue ou à la maison. Et pour ceux que les consommateurs conservent, la plupart sont déjà égarés avant d’avoir pu servir pour un remboursement ou pour la comptabilité.
Quant aux entreprises qui ont besoin de justifier leurs dépenses pour raison fiscale, leur comptabilité leur réclame généralement des reçus sous forme numérique. C’est en effet devenu la norme d’utiliser des logiciels comptables basés dans le cloud, perçus comme plus sûrs que des dossiers papier susceptibles d’être endommagés ou perdus.
De fait, avoir à scanner un justificatif papier représente un travail supplémentaire quand on pourrait recevoir un reçu numérique compatible avec son logiciel comptable.
Un surcoût pour les commerces
Alors que les reçus numériques ne coûtent rien dans la plupart des cas, imprimer des tickets de caisse papier a un coût. Vous avez besoin d’un lecteur de carte ou d’une caisse enregistreuse équipés d’une imprimante, ou bien d’une imprimante de reçus indépendante connectée au terminal de paiement.
Ajoutez à cela les rouleaux de papier, éventuellement l’encre, et peut-être la maintenance de l’imprimante, et, si vous êtes une toute petite entreprise, vous constaterez peut-être un impact sur vos marges.
La majorité des lecteurs de carte premier prix n’ont pas d’imprimante, alors que les modèles plus chers (généralement associés à un abonnement longue durée) sont équipés d’une imprimante thermique dédiée uniquement à l’impression des reçus.
Ces dernières ne permettent généralement pas de détailler les éléments de la transaction, ni d’imprimer de ticket pour les transactions en espèces. Elles sont donc inutiles pour les besoins de garanties et pour les commerces qui reçoivent majoritairement des espèces.
Déjà vu ? Ces tickets de caisse papier ont un impact sur l’environnement, la santé, les finances… et le rangement.
Le ticket dématérialisé est-il l’alternative ?
Les reçus envoyés sur courriel ou par texto réduisent l’empreinte environnementale, et, à condition que votre boite à lettres électronique ne soit pas piratée ou que vous ne les effaciez pas par mégarde, vos reçus seront toujours conservés.
Ceci dit, les consommateurs les plus soucieux de préserver leurs données personnelles peuvent être réticents à l’idée de divulguer leur adresse E-mail ou leur numéro de téléphone.
Avec une biodiversité en danger et un changement climatique qui s’accélère, le ticket papier est une « solution » particulièrement peu écologique.
Autre inconvénient : les commerces les plus fréquentés pourraient voir leur rendement aux caisses ralenti par le fait de devoir demander leurs coordonnées aux clients.
Ni le ticket papier ni le reçu numérique ne sont parfaits, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de solution. La nécessité croissante pour les entreprises de s’inscrire dans le cadre du développement durable, tout en réduisant les coûts, ouvre la voie à de nouvelles stratégies.
Par exemple, la génération automatiquement de E-tickets lors d’un paiement par carte intégrée à un portefeuille numérique (Apple Pay, Google Pay, Paylib, etc.) offre une réponse aux deux problématiques.
Quelles options pour les commerces
La plupart des systèmes de caisse basés dans le Cloud ne peuvent être reliés qu’à des imprimantes thermiques. C’est la solution la plus économique pour les commerces qui veulent fournir des tickets papier, mais cela complique la tâche de ceux qui souhaitent une solution plus saine tout en restant économique.
Ceci dit, on trouve désormais sur les sites de commerce en ligne de plus en plus de papiers sans BPA. Il est donc possible d’utiliser une imprimante de reçus thermique sans risque pour la santé.
Pour ceux qui sont attachés au ticket papier, il est également possible d’acheter des carnets de reçus, qu’il suffit de remplir à la main lorsque le client insiste pour obtenir une preuve d’achat. Pour certains commerçants cela peut représenter une solution tout à fait viable, tandis que certains magasins ne pourraient absolument pas supporter le temps perdu que cela impliquerait à la caisse.
Une chose est sûre : le reçu numérique fait de plus en plus d’adeptes, en particulier chez les plus grands groupes. Des enseignes comme Decathlon et Norauto expérimentent en effet la dématérialisation des tickets de caisse, ce qui est aussi une bonne occasion d’obtenir les coordonnées de ses clients.
Enfin on l’a vu, il est également possible que la puissance publique règle bientôt la question en interdisant par la voie législative l’impression systématique des tickets papier.