Les entrepreneurs et commerçants qui veulent accepter des paiements par carte sont confrontés à un vocabulaire difficile à comprendre lorsqu’ils étudient les contrats des banques et des fournisseurs de solutions d’encaissement.
Ce vocabulaire concerne notamment l’architecture du système de paiement. Celle-ci prend la forme simplifiée du modèle dit « à quatre coins », que nous allons expliquer.
Après la lecture de cet article, la compréhension des contrats monétiques et autres sera beaucoup plus aisée.
Qui sont les acteurs de ce modèle ? Est-ce aussi simple dans la réalité ? Les paiements à trois coins existent-ils ?
Les quatre acteurs du modèle
Dans la plupart des cas, le processus de paiement implique quatre acteurs : le client et sa banque d’un côté, le commerçant et sa banque de l’autre.
- La banque du client émet la carte bancaire, c’est l’émetteur.
- Le client est le porteur de la carte.
- Le commerçant accepte le paiement, il est l’accepteur.
- Enfin, la banque du commerçant est désignée par le terme d’acquéreur.
Ce modèle s’applique aussi bien aux paiements en présence du client avec un lecteur de carte bancaire qu’aux paiements en ligne.
Image : Mobile Transaction
Le modèle de paiement à quatre coins est une vue simplifiée de l’architecture de paiement la plus utilisée dans le monde.
L’émetteur et le porteur sont liés par un contrat. Même chose entre la banque acquéreur et le commerçant accepteur. Ce contrat acquéreur/accepteur est communément qualifié de contrat monétique.
On notera que les banques jouent les deux rôles d’émetteur et d’accepteur, mais pas pour les mêmes clients ou alors pas pour la même transaction.
En effet, elles émettent des cartes bancaires pour particuliers ou des cartes pour professionnels et elles sont aussi capables d’accepter les paiements des porteurs. Cette double casquette contribue au bon fonctionnement du système interbancaire, que nous allons aborder.
Un modèle plus simple que dans les faits
Nous n’avons pas représenté tous les acteurs qui sont nécessaires au fonctionnement de ce modèle quadripartite. Présentons-en quelques-uns, dans la mesure où cela intéresse directement les commerçants.
Les informations ne transitent pas directement d’une banque à l’autre mais par l’intermédiaire de l’un des trois réseaux actifs en France : le groupement GIE Carte Bancaire, Visa et Mastercard. D’autre part les échanges monétaires s’effectuent par l’intermédiaire d’une chambre de compensation.
Cela aurait pu entraîner bien des complications, mais grâce aux accords internationaux et la présence du GIE Carte Bancaire, on a vu apparaître en France les cartes co-badgées CB et Visa/Mastercard. Côté commerçant un contrat monétique unique prévoit l’acceptation de toutes ces cartes, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays.
Au niveau des informations envoyées par le commerçant à sa banque, distinguons pour finir le paiement par terminal de paiement (TPE), du paiement en ligne. Le TPE envoie directement par internet les informations cryptées au serveur de la banque lors de la télécollecte. Dans le cas du paiement en ligne, les informations sont envoyées par l’intermédiaire d’une passerelle de paiement au réseau choisi par le client.
Un système basé sur la coopération
Le fonctionnement d’ensemble est rendu possible par le système interbancaire, qui se caractérise par la coopération et l’échange d’informations entre les différentes banques. L’opération portée au débit du compte du client est portée au crédit du compte de l’accepteur par une opération de compensation.
Le paiement par l’émetteur est obligatoire dans ce système, en échange l’acquéreur va pouvoir garantir le paiement à l’accepteur. Autrement dit, la bonne entente entre les banques permet au commerçant d’être assuré d’être payé.
L’émetteur joue un rôle très important en acceptant de fabriquer et délivrer une carte bancaire, et en autorisant ou non la transaction. C’est d’ailleurs pour cela que c’est lui qui perçoit la commission interbancaire, prélevée par l’acquéreur sur le montant initial de la transaction lors de la télécollecte.
Alternative : le modèle a trois coins
Il existe plusieurs alternatives à ce modèle à quatre coins, mais c’est le modèle à trois coins qui est le plus fréquent, bien que très minoritaire par rapport au précédent.
Dans ce modèle, il n’y a que trois acteurs, l’un d’entre eux jouant à la fois le rôle de l’accepteur et de l’acquéreur. Ce système a été adopté par American Express, Diners Club et les cartes japonaises JCB.
Image : Mobile Transaction
Le modèle a trois coin est minoritaire.
C’est plus simple puisqu’il n’y a pas de compensation, mais ce système qui fait concurrence aux banques oblige en pratique les clients et commerçants à signer un contrat supplémentaire, ce qui est sans doute l’une des causes de son relatif insuccès.
On peut aussi noter qu’en cas de conflit entre un acheteur et un vendeur, ceux-ci s’adressent à un acteur unique, qui peut plus facilement agir de manière non équitable.
Bref, le modèle à quatre coins semble avoir définitivement gagné la partie.