Pour nombre de commerçants, l’acceptation des Tickets-restaurant et plus généralement des titres-restaurant est indispensable.
Mais pas facile à comprendre et à mettre en place.
En effet, ces moyens de paiement se présentent sous différentes formes et sont émis par différentes sociétés.
Quelle est la différence entre ticket et titre restaurant ? Quelles sont les solutions disponibles ? Combien ça coûte ? De quel matériel faut-il disposer ?
Qu’est-ce qu’un titre-restaurant ?
Précisons tout de suite que« Ticket Restaurant » est en réalité le nom d’une marque appartenant à la société Edenred, même si ce terme est passé dans le langage courant et que dans les faits la plupart des gens parlent de « ticket-resto ».
L’appellation officielle est « titre-restaurant ». Essayons d’en donner une définition simple basée sur les textes de loi :
Un titre-restaurant est un moyen de paiement fourni par un employeur aux salariés, intérimaires ou stagiaires en vue de l’achat d’un repas composé de « préparations alimentaires directement consommables » ou de produits laitiers et fruits et légumes (cf. code du travail sur Legifrance).
Il est habituellement délivré par les entreprises qui ne possèdent pas leur propre lieu de restauration. Il est utilisable dans les restaurants, boulangeries, commerces alimentaires de proximité, supermarchés.
Le titre-restaurant peut prendre l’aspect d’un chèque ou être dématérialisé.
Quelques règles à respecter :
- Pas plus d’un ticket émis par jour travaillé
- Les horaires de travail doivent inclure une pause-déjeuner
- Plafond de 38 euros dépensés par jour jusqu’au 30 juin 2022. Normalement 19 euros.
- Inutilisable le dimanche et les jours fériés, sauf exception
- Limitation géographique : département du lieu de travail, sauf exception
- Limitation temporelle : l’année civile de leur émission
- Financement plafonné à 60 % pour bénéficier à plein des réductions de charges sociales
Quel sont les avantages des titres restaurant ?
Avantage pour le commerçant : augmentation du chiffre d’affaires et fidélisation de la clientèle. Aucun établissement n’est obligé d’accepter les tickets-restaurants, mais en tant que commerçant, il serait dommage de s’en priver.
D’après Edenred, le leader du secteur, 63% des titres restaurants sont dépensés dans des restaurants, 20 % dans des commerces de proximité et 17 % dans la distribution alimentaire. Cela représenterait 15 % du chiffre d’affaires de la restauration commerciale.
Les restaurants peuvent bien entendu accepter ce type de paiement, mais également les snacks, foodtrucks, boulangeries, et même les commerces alimentaires.
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Les clients peuvent aussi payer sur les site de commande en ligne des restaurants ou les plateformes de livraison comme Uber Eats.
Avantage pour l’employeur : le titre-restaurant permet une hausse de la rémunération de l’employé sans augmentation de charge pour l’employeur jusqu’à plus de 1000 euros par an et par salarié.
Avantage pour l’employé : les titres-restaurant participent à la rémunération du salarié, mais n’entrent pas dans le calcul de l’impôt sur le revenu.
Image : Mobile Transaction
Cas le plus fréquent : la somme payée sur le client est reversée après un délai sur le compte du commerçant.
Le commerçant/restaurateur est remboursé par les émetteurs des titres-restaurants après un délai de traitement de plusieurs jours à plusieurs semaines pour les titres papier à tarif réduit.
Précision : dans le cas des titres papier, les fonds sont versés pour le compte des émetteurs (Edenred, Natixis, etc.) par la Centrale de Règlement des Titres (CRT) qui gère le traitement des titres collectés.
En outre l’émetteur perçoit une commission sur l’utilisation des tickets papier et des tickets dématérialisés. Il y a toutefois des exceptions, comme les cartes Benefiz, Weedofood et Worklife, qui ne perçoivent pas de commission et ne procèdent à aucun remboursement : le commerçant est payé directement par le client. Le service nécessite par contre un abonnement.
Papier ou dématérialisé ?
Les contraintes liées à ces deux types de titres restaurant ne sont pas du tout les mêmes.
Le paiement par chèque (titre papier) est très simple, mais présente un inconvénient : on ne peut pas rendre la monnaie.
La transmission des titres-restaurant papier à l’émetteur peut s’effectuer par envoi postal, dépôt en centre de collecte ou récupération sur place.
Les titres-restaurant dématérialisés sont stockés dans une carte bancaire plastique ou virtuelle ou sont encaissables avec un QR code. Ils pourront être acceptés en présentiel (avec un terminal de paiement, une caisse enregistreuse) ou à distance sur un site de vente en ligne.
L’un des avantages des titres-restaurant dématérialisés pour l’utilisateur est qu’il n’y a plus le problème du rendu de monnaie. Si les 19 € ne sont pas dépensés, le reste demeure sur le solde de la carte ou est débité sur la carte bancaire du compte-chèques du client.
En cas de perte, le client pourra facilement faire opposition. Bref le ticket restaurant dématérialisé n’a que des avantages.
Maintenant que nous connaissons les grands types de titre restaurant et les modalités de paiement, nous pouvons tout résumer dans un tableau :
Papier | Dématérialisés | |
---|---|---|
Format | Chèque |
|
Encaissement | Pas de rendu de la monnaie | Somme exacte débitée |
Remboursement du commerçant | Collecte puis traitement par la CRT |
|
Avant d’aller plus loin dans la compréhension du fonctionnement ces titres dématérialisés, distinguons les titres contrôlés par les acteurs historiques, c’est-à-dire le groupement Edenred/Sodexo/GroupeUp/Natixis de ceux contrôlés par les nouveaux entrants comme Swile et RestoFlash ou encore Wedofood.
Leur mode de fonctionnement n’est pas tout à fait le même aussi bien pour le consommateur que pour le commerçant.
Pour information, sachez que les émetteurs de titres restaurant peuvent proposer d’autres services comme les tickets cadeaux, les tickets mobilités, voire de l’épargne salariale. Dans le cadre de cet article, nous nous limiterons au remboursement des repas.
Les titres-restaurant des acteurs historiques (Edenred, etc.) – Tarifs
Il s’agit des titres les plus anciens et les répandus. Ils utilisent la plateforme commune Conecs pour les paiements dématérialisés. Ci-dessous le nom de l’émetteur, suivi de celui du titre-restaurant :
- Edenred : Ticket Restaurant
- GroupeUp : Up déjeuner (ex-Chèque déjeuner)
- Natixis : Bimpli resto (ex-Apetiz)
- Sodexo : Pass Restaurant
Ils sont disponibles au format papier et carte.
Les titres papier : collecte et frais
La collecte des titres papier s’effectue selon différentes modalités, elle est assurée par la Centrale de Règlement des Titres (CRT) selon différentes modalités :
- Pack Vert (le plus cher) : enlèvement des titres dans l’établissement du commerçant. Virement rapide sur le compte bancaire.
- Pack Express : remise en centre de collecte ou ColiSUR. Virement rapide sur le compte bancaire.
- Envoi ou dépôt en centre de collecte et remboursement selon les modalités choisies par le commerçant. Si l’on souhaite réduire les frais, on pourra attendre une à 3 semaines pour être remboursé.
Exemple chez Edenred : Pack vert 4,90 % ; Pack Express 4,60 % ; Taux 7 jours 3,55 % ; Taux 21 jours 1,85 %.
Alternative : Resto Flash. L’entreprise continue de distribuer des titres papier, mais ceux-ci sont ajoutés virtuellement à un compte Resto Flash, L’employé paie grâce à une application qui affiche un QR Code. Le commerçant ne paie que 1,95 % de frais plus les frais bancaires.
Les cartes : les 3 générations et les frais
Les cartes de première génération (1G) utilisent les réseaux Visa ou Mastercard, ce qui occasionne des frais de réseau supplémentaire.
Les cartes de deuxième génération (2G), passent par le réseau CB et sont liées à la plateforme Conecs qui émet et accepte les cartes. Techniquement, il s’agit d’un système 3 coins ou l’acquéreur et l’émetteur de la carte sont les mêmes, comme American Express. Avantage : pas de frais de réseau bancaire.
L’acceptation des cartes de deuxième génération requiert de signer un contrat avec Conecs, en plus de ceux qui vous lient aux fournisseurs de tickets comme Edenred ou Sodexo.
Le délai de règlement est plus long que dans le cas des cartes de première génération : une semaine au lieu de 24 à 48 h.
Les cartes de troisième génération (3G) sont compatibles avec les deux systèmes, Conecs étant utilisé en priorité. Cela permet au commerçant d’accepter toutes les nouvelles cartes, même s’il n’est pas inscrit chez Conecs.
Émetteur | Titre | Frais par transaction |
---|---|---|
Edenred | Ticket Restaurant | 3,80 % + 0,04 € HT (+2 € HT/mois de frais de gestion) |
Groupe Up | Up Restaurant | 3,85 % + 0,06 € HT |
Natixis | Bimpi Resto | 3,85 % + 0,04 € HT |
Sodexo | Pass Restaurant | 3,75 % + 0,08 € HT |
Vous pouvez bénéficier de tarifs réduits en adhérant à des associations de professionnels comme le Groupement National des indépendants, Hôtellerie et Restauration (GNI) et l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH).
Dans le cadre des nouveaux venus sur le marché, nous verrons que la tarification est beaucoup moins homogène.
Les nouveaux titres-restaurant (Swile, etc.) – Tarifs
Ces titres sont entièrement dématérialisés et ne sont donc pas liés à la Centrale de Règlement des Titres.
Ils ne passent pas non plus par le réseau Conecs, ni par le réseau français CB, mais par le réseau Mastercard. Donc, attendez-vous à payer les frais de réseau et frais bancaires habituels, c’est-à-dire la fameuse « commission commerçant », comme dans le cas des cartes de première génération.
Ces nouvelles cartes présentent cependant plusieurs avantages.
Wedoofood est une carte très simple qui se limite au remboursement des repas et dont les frais se limitent à 3,5 % par transaction, hors frais bancaires.
Les cartes suivantes incluent plusieurs fonctionnalités destinées à améliorer la vie des salariés : titres restaurant, mais aussi mobilité, mutuelle, prévoyance, services à la personne, indemnité télétravail, épargne, etc. Ces offres additionnelles varient en fonction des cartes. Nous ne pouvons pas les détailler ici.
Swile (ex-Lunch R) offre plus de flexibilité que les cartes Conecs. En effet, si le montant du repas est supérieur au seuil de 19 € les titres restaurant, l’excédent sera automatiquement débité sur la carte bancaire associée du client.
Benefiz est intéressant pour le restaurateur, car aucune commission n’est perçue par la plateforme. La carte est conçue en matériaux recyclables.
Worklife commercialise également une carte sans commission pour les restaurateurs, qui est 100 % virtuelle.
Émetteur | Commission |
---|---|
Benefiz | 0 € |
Swile | 3,5 % |
Weedoofood | 3,5 % |
Worklife | 0 € |
Rappel : contrairement aux cartes Conecs qui passent par le réseau CB, celles présentées ci-dessus passent par le réseau MasterCard. Il faudra donc ajouter des frais bancaires à la commission des émetteurs.
Une étape administrative indispensable
Si vous ne respectez pas cette première étape, vous ne pourrez pas passer de contrat avec les émetteurs de titres-restaurant.
Elle consiste à d’obtenir l’ agrément de la Commission Nationale des Titres-Restaurant. Sans cela vous pourrez accepter les titres-restaurant papier ou les titres restaurants qui portent le logo Mastercard, mais vous ne serez pas remboursé par l’émetteur, ce qui est fâcheux.
Lors de la constitution du dossier, il vous sera demandé de fournir un avis de situation ou un certificat d’inscription au répertoire SIRENE et un extrait K bis mentionnant l’activité exercée.
Quel matériel pour accepter les titres restaurant dématérialisés ?
Avant d’entre dans le détail disons que le matériel indispensable est le plus souvent, un terminal de paiement, mais pas n’importe lequel. Il faudra un terminal de type Ingenico, Verifone, Pax, commercialisé par une banque ou un monéticien français.
En raison du faible montant des transactions, et du possible règlement par Apple Pay ou Google Pay, le terminal devra accepter les paiements sans contact (NFC).
Les petits terminaux de paiement commercialisé par SumUp et Zettle sont incompatibles avec les titres-restaurant dématérialisés.
Les réglages du terminal ne seront pas les mêmes en fonction des émetteurs de titres-restaurant. Commençons par le cas des acteurs historiques.
Les cartes Edenred/Sodexo/Natixis/GroupeUp
Partons du principe que vous êtes répertoriés par le CNTR, que vous avez souscrit un ou plusieurs contrats auprès des acteurs ci-dessus et que vous avez également signé un contrat avec Conecs.
Pour accepter les cartes, il faut disposer d’un terminal de paiement (TPE) compatible, et d’un contrat d’acceptation avec sa banque pour la gestion du flux monétique. Vous négocierez au passage la commission perçue par la banque à chaque transaction.
Il faut ensuite demander au mainteneur, par l’intermédiaire de la banque, ou au monéticien d’installer le logiciel Conecs, qui est gratuit. Cela vous permettra d’accepter les cartes de deuxième et troisième génération sont payés de frais aux réseaux de carte bancaire.
Pour information il existe des solutions indépendantes des banques incluant la gestion du flux monétique et la fourniture du terminal, qui sont compatibles avec les titres restaurants dématérialisés de première, deuxième et troisième génération. Il s’agit de Smile and Pay, si vous souhaitez acheter votre terminal, ou de Yavin, si vous préférez le louer.
Accepter les nouvelles cartes
Les cartes Swile, Wedofood sont des cartes Mastercard : pas besoin d’installer un logiciel particulier sur son terminal. Le commerçant devra simplement s’affilier auprès de Swile et Wedofood.
Les cartes Swile peuvent également être ajoutées à un portefeuille Apple Pay ou Google Pay, ce qui permet aux clients de payer en mode sans contact avec son smartphone. Attention, toutes les banques n’offrent pas ce service.
Les cartes Benefiz et Worklife sont des cartes Mastercard qui fonctionnent comme des cartes prépayées. Ici le restaurateur n’a rien à faire pour accepter ces cartes. On peut les ajouter aussi à Apple Pay et Google Pay.
En ce qui concerne les terminaux indépendants des banques, Swile et Restoflash sont compatibles avec Yavin, mais pas avec Smile and Pay à l’heure actuelle.
Le cas Resto Flash
Resto Flash fonctionne différemment : le commerçant va scanner un QR code, soit depuis son propre téléphone, soit depuis un logiciel de caisse compatible : Topos, Tiller, Clyo Systems, LaCaisseTactile, Apitic.
Faut-il un terminal NFC ? Et Apple Pay et Google Pay ?
La première question, nous avons déjà répondu par l’affirmative un peu plus haut. Étant donné le faible montant des transactions, il est indispensable d’accepter les paiements sans contact, ce qui est heureusement possible avec tous les terminaux récents.
Étant donné que la plupart des cartes qui stockent les titres restaurant sont aussi disponibles sous forme virtuelle utilisable avec Apple Pay ou Google Pay, il est indispensable que votre compte en banque soit compatible avec ces deux moyens de paiement, s’ils sont utilisés par votre clientèle et que vous souhaitez maximiser votre chiffre d’affaires.
Comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous, de nombreux émetteurs de titres restaurant utilisent les cartes virtuelles :
Carte | Physique | Virtuelle |
---|---|---|
Benefiz | Non | |
Pass Restaurant | ||
Swile | ||
Ticket Resto | ||
Up Déjeuner | Non | |
Weedoofood | Non | |
Worklife | Non |
Vérifiez que votre terminal de paiement est compatible avec Apple Pay ou Google Pay et demandez l’activation à votre banque, le cas échéant.
Le plus simple pour le restaurateur est de passer par des platesformes de livraison qui acceptent ces modes de paiement.
Exemples :
- Uber Eats : Tickets-Restaurants, Swile
- Deliveroo et DejBox : Tickets-Restaurants, Up Déjeuner, Pass Restaurant, Swile
Si l’on souhaite utiliser son propre site de vente en ligne, par exemple dans le cadre du Click and Collect, il faudra installer une passerelle de paiement adaptée.
En effet, les passerelles de paiement classique ne peuvent pas fonctionner avec les cartes Conecs de deuxième génération. À notre connaissance, la seule passerelle compatible avec ce type de carte est Lyra Connect, commercialisée aussi sous le nom de PayZen pour ceux qui ont déjà un contrat VAD avec leur banque.
Résumé : les étapes à suivre pour accepter les titres et tickets restaurant
1. Se référencer au préalable auprès de la commission Nationale Des Titres Restaurant.
2. Vérifier que son terminal de paiement est compatible avec
- Conecs (pour les cartes de 2e génération)
- Apple Pay et Google Pay (pour les cartes restaurant virtuelles)
Sinon le mettre à jour ou en changer. Au besoin changer de banque en ce qui concerne Apple Pay et Google Pay.
3. Signer des contrats avec les différents acteurs :
- Edenred, Natixis, Sodexo et Up, qui commercialisent les tickets papier et les cartes Conecs.
- La Centrale de Règlement des Titres (CRT) pour la collecte des tickets papier
- Conecs
- Les émetteurs de cartes alternatives comme Swile ou Weedoofood
Les restaurateurs et commerçants ont intérêt à accepter un maximum de titres restaurants car les frais sont assez proches : 1,8 à 5 % pour les titres papier et 3,5 à 4 % pour les tickets dématérialisés.