Notre argent est sale. Physiquement sale. Plus d’une centaine d’études scientifiques ont prouvé que des micro-organismes sont présents sur les billets de banque. Les bactéries semblent aimer beaucoup les espèces, particulièrement les billets de banque à base de coton. Les scientifiques de l’université d’Oxford ont découvert qu’un billet émis par la banque d’Angleterre héberge en moyenne 18 200 bactéries.

En raison de la façon dont nous utilisons les espèces, celle-ci peuvent être considérées comme le contaminant ultime. Les billets de banque changent en effet fréquemment de main. Pourtant nous les nettoyons rarement, et nous les désinfectons encore moins. Si vous voyagez dans des pays où les standards en matière d’hygiène laissent à désirer, n’oubliez pas de vous laver les mains fréquemment.

La dernière étude de la BCE sur le sujet (en 2017) révélait qu‘en France 68 % des paiements dans les commerces sont effectuées en espèces. Un risque à ne pas négliger donc.

La plupart des chercheurs se sont concentrés sur des bactéries comme les salmonelles, les Listeria, et Escherichia coli, car elles sont la cause d’intoxications alimentaires. Toutefois, la présence du virus de la grippe sur des billets de banque (étude en anglais) a également été étudiée. En Suisse des chercheurs ont découvert que des virus pathogènes peuvent survivre plusieurs jours sur des billets de banque, notamment en présence d’une quantité, même minuscule, de mucus.

Le mucus et les autres sécrétions expulsées lorsqu’une personne atteinte de la grippe tousse ou respire, semblent protéger le virus lorsque celui-ci se déplace dans l’air.

En réponse à la nouvelle maladie déclenchée par le coronavirus, appelée COVID-19, les autorités chinoises ont annoncé en 2020 qu’elles allaient désinfecter et mettre en quarantaine les billets de banque usagés, afin de stopper la propagation du virus SARS-CoV-2 (appelé précédemment 2019-nCoV).

Les terminaux sont-ils  sûrs contre les virus ?

Les terminaux de paiement vont-ils changer la donne sachant qu’il est désormais possible de payer sans toucher le terminal ? Le problème est que les paiements sans contact ne sont généralement disponibles que pour les petites sommes. Pour les paiements supérieurs à 20-30 €, il faut utiliser son smartphone. Les données de l’observatoire des cartes bancaires nous indiquent qu’en France, les paiements sans contact représentent moins de 1 % des transactions par carte.

Quand on considère les transactions classiques avec entrée du code PIN, les terminaux de paiement seraient-ils beaucoup plus sûrs que les espèces ?

En fait, non. C’est parfois même l’inverse qui est vrai. Lorsqu’un billet de banque ou une pièce change de propriétaire, elle passe d’un client à un autre à un rythme assez lent, alors que pendant le même temps, des dizaines de clients auront touché les boutons d’un terminal de paiement en l’espace d’une heure.

Afin de comprendre comment les virus respiratoires tels que les coronavirus se propagent dans les aéroports, des chercheurs finlandais ont récolté des échantillons dans un grand aéroport et les ont testés à la recherche de virus. Ils ont prélevé 90 échantillons provenant de surfaces fréquemment touchées, comme les rampes des escalators, les plateaux utilisés lors des contrôles de sécurité, les boutons des chasses d’eau et les poignées de porte.

La plupart des surfaces ne contenaient aucun virus, y compris les 14 échantillons provenant des toilettes de l’aéroport, qui se sont révélés particulièrement propre. Toutefois, l’une des surfaces a été testée positive à la fois pour le rhinovirus et pour le coronavirus : les boutons du terminal de paiement de la pharmacie.

La surface la plus contaminée de l’aéroport

Les personnes malades constituent une grande part de la clientèle de base d’une pharmacie ; il n’est donc pas surprenant que l’on n’y trouve de nombreux virus, particulièrement durant l’épidémie de grippe saisonnière. Attention, cela n’est pas forcément valable pour des terminaux de paiement situé dans d’autres types de commerces. Il faut toutefois en tenir compte.

Le coronavirus trouvé sur le terminal de paiement était de type OC43. C’est un virus bien connu et très répandu, qui est la cause de nombreux rhumes, générantt généralement des symptômes d’une faible gravité. Cependant, d’autres coronavirus pourraient se propager de la même façon, dont celui qui nous préoccupe depuis le début de l’année 2020.

« Dans notre étude, nous avons testé uniquement la présence d’acide nucléique viral (ARN ou ADN) de différents virus respiratoires », déclare Niina Ikonen, un chercheur chevronné de l’Institut Finlandais pour la Santé et le Bien-être. « Nous n’avons pas essayé d’isoler le virus à partir des échantillons. Pour que ceci soit contagieux, il faudrait qu’il y ait des virus vivants sur la surface des terminaux de paiement. »

« Donc, même si nous avons détecté des acides nucléiques viraux sur différentes surfaces, cela ne signifie pas qu’il y avait sur cette surface, à ce moment, des virus capables de déclencher une infection, et que le terminal de paiement pouvait être une source de contagion. Chaque virus à des temps de survie différents en fonction des surfaces. Il est impossible d’estimer combien de temps les différents virus pourraient survivre, et avec quelle facilité ils pourraient être transmis depuis les boutons des terminaux de paiement. »

En février 2020, le Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies de Canton, en Chine, a rapporté avoir découvert la nouvelle source de coronavirus sur la poignée de porte de la maison d’un patient infecté. Cela suggère qu’il peut rester « en vie » sur certaines surfaces pour au moins plusieurs heures. Les études concernant des virus similaires montrent que ceux-ci peuvent « survivre » sur certaines surfaces jusqu’à neuf jours.

Bien sûr il ne faut pas avoir peur outre mesure des terminaux de paiement. Se retrouver avec des coronavirus sur vos doigts n’entraîne pas obligatoirement une infection, car le virus ne peut pas traverser la peau. Il est essentiel de se laver les mains, cependant, avant de toucher votre bouche, votre nez vos yeux.

« De nombreux virus, particulièrement les virus respiratoires, se transmettent par le contact et les aérosols », rappelle Niina Ikonen. « Le nettoyage des terminaux de paiement réduira certainement le risque de transmission des virus. »

Mesures préventives

Les commerçants doivent aider leurs clients à éviter les infections virales et bactériennes. Les terminaux de paiement doivent être maintenus propres et des désinfectants pour les mains devraient être disponibles aux points de paiement.

Pour éviter de toucher les boutons des terminaux et utiliser le paiement sans contact au-delà du seuil de 30 €, les clients peuvent utiliser les portefeuilles virtuels comme, Paylib, Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay.