Samuel Manassé est le fondateur de Yavin, une société française qui modernise l’acceptation des paiement en proposant aux commerçants une offre de services autour de nouveaux terminaux de paiement Android. Les clients de Yavin bénéficient d’une offre sur-mesure incluant terminaux, logiciels et contrat monétique.

Nous avons interrogé Samuel Manassé pour savoir ce qui fait la spécificité de cette offre et à qui elle s’adresse. Nous verrons notamment pourquoi le choix des terminaux Android a été déterminant et quelles évolutions sont envisageables dans les années à venir, pour Yavin et pour le marché des paiements.

Logo de Yavin

Basée à Paris , Yavin est présente en France, Belgique, Espagne, et Irlande. Dans chaque pays, Yavin essaie d’apporter une solution d’encaissement clé en main adaptée au marché local.

Samuel Manassé.

Diplômé en mathématiques appliquées et en finances, il est à l’origine de deux réussites dans le secteur de la fintech : Smile & Pay puis Yavin, qu’il a co-fondé avec Alfred Bourély en 2019, et dont il est actuellement le directeur général.

Lire aussi notre avis sur Yavin.

Une clientèle de « commerçants établis »

Après la vente de Smile and Pay dont il était l’un des fondateurs, Samuel Manassé a créé Yavin, toujours dans le même secteur de l’acceptation des paiements, mais en s’adressant à des entreprises de plus grande taille, qui préfèrent louer leurs terminaux.

Samuel Manassé : « Nous voulions répondre aux besoins des commerçants plus établis : le commerce de proximité, les entreprises qui emploient du personnel, etc. Le montant moyen des transactions enregistrées par nos clients dépasse les 20 000 € par mois. Notre offre s’adresse aux entreprises de plus en plus importantes, comme les chaînes, les enseignes ou les franchises. »

Comme la fintech Blank, Yavin a démarré dans une période difficile ou l’économie était sous cloche :

« Yavin a démarré quelques semaines avant le Covid, ce qui n’était pas évident, mais depuis la réouverture des magasins, Yavin a une très forte croissance, passant de presque zéro à quarante collaborateurs. Nous avons levé des fonds, nous avons déjà déployés plusieurs milliers de terminaux. Nous essayons désormais de répliquer dans d’autres pays européen notre succès français. »

Yavin s’adresse à tout type d’entreprise, mais est particulièrement populaire dans le secteur de la restauration, qui représente 40 à 45 % de sa clientèle. Il faut dire que l’offre de Yavin est très complète pour les restaurants avec notamment, l’acceptation de l’ensemble des titres restaurants dématérialisés, les fonctionnalités de pourboires et les intégrations caisse.

«  Notre marketing est très axé sur la restauration, qui est un secteur que nous apprécions. Mais nous accompagnons des entreprises très diverses : des magasins, des commerces de bouches, des hôtels… nous communiquons beaucoup avec les restaurants, parce que nous pensons que c’est dans ce secteur que notre offre est la plus mature, notamment grâce aux intégrations avec les meilleures applications dédiées aux restaurateurs. »

Les terminaux Android  : un choix stratégique

Historiquement la plupart des commerçants étaient équipés par les banques avec des terminaux de paiement Ingenico traditionnels. Zettle et Sumup avec leurs offres simples et leurs petits terminaux ont conquis des dizaines de milliers de petits commerçants. Une nouvelle génération de terminaux de paiement fonctionnant sous le système ouvert Android sont en train de bousculer les acteurs en place. Une évolution qu’a su saisir Yavin dès le début.

« À l’époque de la création de Yavin, j’ai vu l’arrivée des premiers terminaux de paiement Android, qui n’étaient alors pas encore certifiés pour le marché français. Nous avons très vite commencé à imaginer toute la valeur ajoutée qu’on pouvait apporter aux commerçants en leur proposant de nouveaux services. »

«  Actuellement, grâce aux terminaux Android, nous proposons un catalogue d’applications et d’intégrations en plus de l’acceptation des paiements. Nos terminaux de paiement font beaucoup plus que le simple paiement. Nous vivons plus de 10 ans après la même révolution vécue dans la téléphonie avec l’arrivée des Smartphones. »

Lorsque l’on se rend sur le site de Yavin, on découvre une liste d’applications qui peuvent être intégrées aux terminaux, un peu comme un magasin d’applications pour smartphone. Ci-dessous, quelques-unes des applications disponibles :

«Les intégrations sont un élément central de notre stratégie. Yavin est une plateforme de paiement permettant aux éditeurs de logiciels d’ajouter le paiement à leur service. Quoi de plus naturel pour un logiciel de caisse ou un service de fidélité que d’intégrer le paiement à son produit. Nos API sont accessibles à tous. »

« Nous ne rivaliserons jamais avec les meilleurs logiciels du marché. Nous sommes experts du paiement pas du reste… Plutôt que de les concurrencer nous les intégrons à notre plateforme. Ainsi, nos clients peuvent choisir les meilleurs outils du marché et les intégrer à une solution de paiement de pointe. »

Le magasin d’application renferme plusieurs catégories : logiciels de caisse, services, paiement, titres-restaurant, marketing. Quelques exemples d’applications populaires :

« Il existe par exemple une application comme Table Pay qui permet aux serveurs d’ouvrir et de fermer une table. Il y a aussi une application de pourboire, des applications de fidélisation de la clientèle … »

Pour information : Yavin ne s’adresse pas seulement aux restaurateurs, mais également aux libéraux, commerçants et grands comptes en proposant des offres adaptées à ces différents secteurs.

« J’ai donné l’exemple d’application dans le secteur de la restauration, mais nous avons également des partenariats avec des applications de paiement fractionné, comme Alma, qui est utilisé dans le secteur de la vente de détail, lorsque le panier est élevé. Des partenariats sont également mis en place pour s’occuper de ce qui se passe après le paiement. Par exemple notre back-office est connecté à des applications de comptabilité comme Pennylane et Qonto. Nous transmettons directement les données à ces outils. »

Pourquoi Yavin est et restera une « plateforme »

Dans le secteur de l’acceptation des paiements, on trouve des solutions totalement intégrées où une seule entreprise crée et commercialise un ensemble de service ; à l’autre extrémité, on trouve Yavin qui donne la possibilité de choisir le prestataire adapté pour chaque service.

« C’est très cohérent pour des sociétés comme SumUp ou Zettle et Square de fournir une solution tout en un car elles s’adressent à des micros vendeurs et peuvent très efficacement développer des solutions non spécialisées. »

« Comme nous nous adressons à des entreprises plus établies, nous devons leur permettre d’accéder à des outils spécialisés. Cette approche nous permet d’offrir une solution sur mesure aux commerçants. Notre stratégie de plateforme est donc centrale pour répondre aux plus près aux besoins de nos clients.»

Toutefois, dans certains cas, les équipes de Yavin vont préférer développer eux-mêmes les applications :

« L’application de pourboire a été conçue par nos soins, car elle est très liée à l’acceptation des paiements. En ce qui concerne les programmes de fidélité, nous le faisons nous-mêmes lorsque la demande est très simple, comme lorsqu’il s’agit de d’inciter un client à poster un avis sur Google. Dès que le besoin est plus complexe, nous redirigeons nos clients vers spécialistes de la fidélité et du marketing comme Pongo et ZeroSix. »

Le choix des terminaux PAX

Yavin propose plusieurs terminaux Android couvrant tous les besoins : mobile ou fixe, avec ou sans imprimante intégrée. Ils sont tous fabriqués par PAX, une entreprise chinoise qui a rapidement réussi à s’imposer sur le marché mondial, notamment grâce à son modèle A920. On peut toutefois s’interroger sur le choix de PAX plutôt que sur celui des fabricants plus connus dans l’hexagone.

«  En France, nous souhaitions proposer un terminal certifié GIE Cartes Bancaires. Il nous parait important de travailler avec des acteurs français et cela permet aux commerçants d’accéder à des taux de transactions plus faibles. Pax a été le premier constructeur à obtenir la certification CB et la qualité des terminaux s’est révélée excellente. »

Photo : EC, Mobile Transaction

Terminal Yavin-X

Le Yavin-X est un A-920 de PAX avec un système Android personnalisé.

On peut aussi se demander si l’arrivée d’un nouveau fabricant et d’un nouveau type de terminal n’a pas entraîné quelques réticences de la part de commerçants habitués depuis de nombreuses années aux terminaux Ingenico ou Verifone :

« Nos commerçants sont friands de nos services à valeur ajoutée. Ils ont très vite adhéré au projet. Nous n’avons jamais ressenti de réticences. Au contraire ils sont fiers d’utiliser des outils modernes. D’ici deux ans les terminaux de paiement Android représenteront l’immense majorité des terminaux distribués. Ils sont plus rapides et plus puissants, car ils utilisent des composants de smartphones : par exemple, le Wifi et la 4 G sont de meilleure qualité. »

La tarification Interchange ++ pour plus de transparence

Lorsque l’on encaisse un paiement avec un terminal, il faut payer des frais de transaction. Yavin a choisi une tarification appelée Interchange++ qui applique des frais variables en fonction des différentes cartes bancaires (locales, étrangères, de consommateur, business, etc.). Certains opérateurs préfèrent appliquer un taux unique dit « mélangé » pour toutes les cartes, qui est moins intéressant si l’on encaisse beaucoup de cartes françaises.

« Nous proposons des commissions avec un modèle interchange ++. Nous apprécions beaucoup ce modèle. Pour deux raisons. La première raison est qu’’il s’agit de l’offre la plus transparente. Notre commission sur chaque paiement en mise en évidence. Cela nous permet également d’offrir un tarif plus intéressant. En effet, lorsque l’on utilise la tarification mélangée, on est contraints de prendre une marge de sécurité sur les commissions proposées afin de ne pas perdre d’argent sur les encaissements d’un client donné.  »

« Donc nous allons conserver cette tarification. Nous nous intéressons également beaucoup au paiement instantané de compte à compte. C’est encore le début pour cette technologie mais cela pourrait permettre un jour de faire tendre les commissions commerçants à zéro. »

Yavin est aussi présent à l’étranger

Yavin est présent en France, Belgique, Espagne et Irlande. Quelles sont les prochaines étapes ?

« Tout d’abord le Portugal, qui ressemble beaucoup à l’Espagne, avec une prévalence de Visa et Mastercard. Ensuite Italie et l’Allemagne, quand nous aurons avancé sur l’acceptation des moyens de paiements locaux. Il s’agit de chantier longs sur lesquels nous travaillons.»

L’une des forces de Yavin en France est en effet l’intégration des moyens de paiement locaux, comme les titres-restaurants ou les prises de cautions. On peut se demander si cette stratégie est reproductible ailleurs avec autant de facilité.

« Nous essayons d’accepter les paiements locaux qui sont demandés par nos clients, en Belgique par exemple, nous travaillons sur l’acceptation de Bancontact. Il s’agit d’un sujet majeur pour les commerçants belges. En Espagne et en Irlande, qui utilisent surtout Visa et Mastercard, nous avons d’ores et déjà un offre complète. Les premiers retours de nos clients là-bas sont très positifs. »

« Mais oui, pour chaque nouveau pays, c’est un nouveau projet. C’est pourquoi nous ne sommes pas encore présents en Allemagne et en Italie. Il faut à chaque fois permettre l’acceptation des moyens de paiements locaux. Les habitudes de paiement sont très différentes d’un pays à l’autre en Europe.»

Quelle évolution dans le monde du paiement ?

Pour terminer, nous avons demandé à Samuel Manassé comment il envisageait l’évolution du secteur des paiements dans les années à venir :

« Je vois deux grandes tendances se dessiner.

La première : le SoftPOS. D’ici un ou deux ans cette technologie permettant d’accepter les paiements avec un appareil non sécurisé devrait se généraliser. Bonne nouvelle pour les commerçants le prix du terminal devrait baisser si cette technologie se généralise.

La deuxième : de nombreux éditeurs de logiciels vont ajouter le paiement à leur offre. Dans les années à venir la plupart des services comme les logiciels de caisse, les outils de comptabilité, ou les programmes de fidélité vont intégrer le paiement à leur produit. Yavin espère être un acteur majeur de ces évolutions afin de faire du paiement le moteur des commerces de demain. »