Le paiement sans contact progresse en France, mais les Français rechignent à adopter les nouvelles technologies comme le paiement par smartphone ou à l’aide d’objets connectés. Fin 2018 l’essentiel des paiements se faisait encore à l’aide d’une carte bancaire sans contact.
D’après le groupement des carte bancaires, le cap du milliard de transactions sans contact été franchi en 2017 en France. Plus précisément, 1,23 milliard de paiement sans contact sur 11,9 milliards de paiement par carte bancaire, soit 10 %.
Explorons les possibilités de paiement sans contact en commençant par la dernière innovation des fabricants de cartes bancaire : la carte biométrique.
La carte sans contact biométrique : la solution pour massifier fier le paiement sans contact ?
Pour l’instant le paiement sans contact et limité à 30 €. Au-delà, il faut taper son code PIN.
La carte bancaire biométrique est la solution sur laquelle ont planché séparément Visa, Mastercard et Groupement des Cartes Bancaires pour généraliser le paiement sans contact : plus besoin de taper son code, il suffit de poser son doigt sur le lecteur d’empreintes intégrées à la carte.
En France, c’est la Société Générale1 qui est la première à tester cette nouvelle technologie, développée par Gemalto et Idemia.
Avec la carte bancaire biométrique, la lecture d’empreinte remplace le code PIN. Photo : Société Générale.
Cette avancée pourrait aussi rassurer ceux qui craignent de perdre ou de se faire voler leur carte bancaire ; elle offre le même niveau de sécurité que les paiements sans contact effectués avec les smartphones de dernière génération.
Les paiements par smartphones : encore confidentiel
Les smartphones sont aussi capables d’effectuer des paiements sans contact, avec un bon niveau de sécurité ; certaines applications utilisent un code chiffré, d’autres la prise des empreintes digitales. Ces éléments de sécurité permettent de dépasser le seuil des 30 € des transactions sans contact, comme avec la carte biométrique.
Cependant, avec seulement 10 millions de transactions sur smartphone2, ce mode de paiement demeure encore très confidentiel.
Le premier obstacle est la compatibilité des téléphones avec la norme NFC qui est utilisé lors des paiements sans contact. Cet acronyme de l’anglais « Near Field Communication » signifie « communication dans un champ proche ». La plupart des modèles récents étant désormais compatibles avec cette norme, cet obstacle sera bientôt levé.
Les paiements sans contact par smartphones peuvent dépasser le seuil des 30 €.
Les quatre moyens de paiement sur smartphone les plus prometteurs sont Paylib, Apple Pay, Samsung Pay et Google Pay. Notez qu’ils fonctionnent également pour les paiements à distance.
Paylib est un standard unique adopté par sept banques françaises qui permet de payer avec son smartphone en débitant la carte bancaire de son choix.
Tous les terminaux sans contact actuel sont déjà compatibles avec Paylib, donc sur le papier, c’est une excellente solution sauf que… Il faut se tourner vers sa banque pour s’inscrire au service et télécharger une application différente pour chaque banque. Et au moment du paiement, il faut taper un code confidentiel, ce qui est moins simple que les systèmes à base d’empreintes digitales. Autre point faible : l’application ne fonctionne que sur Android. Apple n’en veut pas.
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Apple Pay jouit d’une forte notoriété même si à l’échelle mondiale, seulement 16 % des utilisateurs auraient activé Apple Pay3. L’identification se fait par empreintes digitales ou bien par reconnaissance de visage et fonctionne aussi bien sur les appareils mobiles que sur les ordinateurs portables Apple récents. En France, une vingtaine de banques au total sont déjà partenaires.
Google Pay est le nouveau nom d’Android Pay, lancée en 2015 aux Etats-Unis. L’application est disponible en France sur Google Play depuis 2018 mais Google Pay est toujours incompatible avec les paiements sans contact. On ne peut l’utiliser que pour les paiements à distance dont bien sûr les achats d’application.
Google Pay est toujours incompatible avec les paiements sans contact
Samsung Pay, qui fonctionne selon le même principe qu’Apple Pay n’est utilisable que sur les téléphones Samsung. Il utilise trois technologies identification différentes en fonction des modèles : empreinte digitale, code pin ou analyse d’iris. Pour l’instant, parmi les grandes banques, seul le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne) a signé un accord avec Samsung.
En ce qui concerne Google Pay et Samsung Pay, le principal obstacle à leur utilisation en France réside donc pour l’instant dans l’absence ou le faible nombre de banques partenaires.
Les objet connecté portables ou « wearables » :
Les objets connectés portables sont des objets du quotidien que l’on porte sur soi, comme une montre des lunettes, et qui sont capables d’interagir avec leur environnement.
Le marché des objets connectés se porte mal. Intel a fermé sa division dédiée4 et a renoncé à son rêve de lunettes connectées qui devaient succéder aux Google Glass, lesquelles avaient été également un échec commercial.
Est-ce que le paiement pourra donner une nouvelle utilité à ces objets ?
Apple Pay fonctionne aussi avec l’Apple Watch. Photo : Apple.
L’objet connecté le plus répandu est la montre ou «smartwatch». Les montres Andoid Pay sont pour l’instant handicapées par l’absence de Google Pay en France et les montres Samsung ne sont pas encore compatible avec Samsung Pay.
Pour payer avec une montre, il faudra se tourner vers l’Apple Watch, qui en est désormais à sa quatrième version et dont les ventes pourraient connaître une progression de 48 % en 2018 selon certains analystes5.
Pour initier la transaction sans contact avec l’Apple Watch, il faut appuyer deux fois sur un bouton, et approcher la montre du lecteur. Un code PIN peut être requis, mais il faut avouer que ce mode de paiement est très simple.
D’autres misent sur des technologies « low cost » qui minimisent les prises de risque :
Dans le secteur bancaire c’est Arkea qui tente l’expérience avec un «bracelet connecté6» conçu pour les enfants, qui pourrait remplacer l’argent de poche en espèces sonnantes et trébuchantes. Les parents alimenteront le compte du bracelet et pourront voir les dépenses en temps réel.
Arkea n’a pas encore détaillé son fonctionnement.
Prototype du bracelet connecté d’Arkea. Photo : Arkea.
Les deux dernières innovations que nous présentons ne sont pas encore disponibles en France, mais sont à suivre :
La K-ring7 est est un anneau assez élégant que l’on passe autour d’un doigt. Il ne se recharge pas et fonctionne tout seul, c’est-à-dire sans smartphone. La transaction requiert un code PIN, donc il ne peut pas être utilisé s’il est volé. Il fonctionne pour l’instant avec un compte Mastercard prépayé britannique.
La K-ring est un moyen de paiement sans contact original, mais n’est pas encore disponible en France. Photo : K-ring.
Enfin, mentionnons la TokenRing8 est un projet un peu plus ambitieux qui permettra non seulement de réaliser des paiements sans contact, mais également de se connecter à son ordinateur, d’ouvrir son véhicule, de prendre les transports en commun, etc. Le produit n’est pas encore en vente et il faut s’inscrire sur liste d’attente.
Sources :
- [1] https://www.societegenerale.com/fr/actualites/newsroom/societe-generale-premiere-banque-en-france-experimenter-la-carte-biometrique
- [2] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-paiement-mobile-reste-tres-confidentiel-en-france-792647.html
- [3] https://www.macrumors.com/2018/02/22/apple-pay-used-16-of-iphones/
- [4] https://www.usine-digitale.fr/editorial/intel-cloture-sa-division-wearables.N683119
- [5] https://9to5mac.com/2018/10/31/apple-watch-sales-5/
- [6] https://twitter.com/cmarkea/status/1054382764315852800
- [7] https://mykring.com/en/
- [8] https://tokenring.com/